Les 12 et 13 septembre derniers se sont tenues les Assises territoriales de l’Agroécologie et de l’Alimentation durable à Nantes. Esther DINH, animatrice du Projet Alimentaire Territorial (PAT) du Pays du Sundgau, était présente et revient sur les éléments qui l’ont nourrie.
1. Présentation générale des Assises territoriales
Les 12 et 13 septembre dernier, Nantes Métropole a accueilli la 2ème édition des Assises territoriales de la transition agro-écologique et de l’alimentation durable. C’est un rendez-vous pour les représentant.es de collectivités, des structures d’accompagnement, des associations mais aussi pour le monde entrepreneurial et la recherche.
Organisées dans une agglomération différente tous les 2 ans, elles avaient pour cette édition 2022 comme focus la prise en compte des changements climatiques et de l’urgence sociale dans les politiques agricoles et alimentaires des territoires.
L’évènement a été co-organisé par Nantes Métropole, Montpellier Méditerranée Métropole, CNFPT, l’ADEME, Terres en Villes, la Chaire UNESCO Alimentations du monde, Le Voyage à Nantes et la DRAAF Pays de la Loire.
Sur 2 jours se sont succédés 130 ateliers sous différents formats (visites urbaines, expositions, espaces de discussions, groupes de travail, présentation d’initiatives inspirantes) et 4 temps forts en plénière, le tout réunissant près de 800 participant.es autour de thématiques diverses : logistique des circuits courts, nutrition et santé, démocratie alimentaire, appui au développement de filières, changement des pratiques agricoles…
2. Discours et annonces politiques
Les temps en plénière ont été l’occasion pour les intervenant.es de partager des problématiques communes et d’exprimer certaines revendications, notamment :
- Appel à une Sécurité Sociale de l’Alimentation, et plus généralement à sécuriser le budget alimentaire des ménages
- Demande d’exception alimentaire (critères d’externalité environnementale, de circuit direct…) dans le code des marchés publics européens afin de favoriser les produits locaux dans la restauration collective
- Demande d’ouvrir le débat sur la compétence alimentaire des collectivités
- Appel à un changement de paradigme : du produire plus au manger mieux
- Appel à penser les solidarités alimentaires : solidarité envers les citoyens et envers les agriculteurs
- Dans le cadre du projet de loi de finances 2023 : annonce d’un doublement du budget consacré à l’aide alimentaire (111 millions d’euros)
- Constat d’un écart entre les discours politiques et le contenu de la Politique Agricole Commune
- De la même manière, constat d’un écart entre les volontés citoyennes (en termes de santé, environnement, justice sociale) et les actes d’achat des consommateurs (80% des achats en grandes et moyennes surfaces)
3. Retour sur les ateliers suivis
Au cours des deux journées, j’ai eu l’occasion de suivre plusieurs ateliers qui mettaient en avant des initiatives inspirantes :
- Cartographier les points de vente en circuits courts de son territoire : l’exemple de la carte interactive et participative de la Métropole de Lyon en partenariat avec l’association BelleBouffe qui permet de visualiser l’offre alimentaire disponible
- Soutenir les acteurs de la transformation : l’exemple du projet d’abattoir semi-mobile entre Nantes Métropole, le PETR du Pays de Retz et une association de 150 éleveurs de vaches laitières qui recherchent une méthode d’abattage à la ferme afin d’améliorer le bien-être animal. La demande de mise de fonds des collectivités (notamment Nantes Métropole) et des éleveurs témoigne qu’il s’agit d’un projet de société, à l’interface entre monde urbain et monde rural.
- Organiser la logistique des circuits alimentaires : retour sur la visite du Marché d’Intérêt National (MIN) de Nantes, un point de rencontre entre producteurs, grossistes, commerçants ambulants et quelques unités de transformation (raviolis, saumon, aromates…). Il est couplé d’un pôle agro-alimentaire qui accueille des sociétés agro-alimentaires. Les surplus sont récupérés par le Secours populaire directement implanté sur site.
- Mobiliser les acteurs de la restauration collective : l’exemple du Green Deal Cantines Durables en Wallonie, un accord volontaire pour engager les acteurs de la restauration collective (gestionnaires, cuisines centrales, sociétés de catering, autorités publiques, acteurs logistiques…), les outiller, les mettre en réseau et les soutenir financièrement.
- Prendre en compte la question du genre dans les PAT : réflexions sur l’égalité hommes-femmes dans la production, la transformation et la distribution alimentaire et dans la gouvernance des PAT. Débat mouvant puis travail en groupe sur des études de cas.
4. Outils utiles pour agir en matière d’alimentation
- Outil CRATER : aide à la réalisation du diagnostic agricole et alimentaire de son territoire (dont disponibilité en commerces alimentaires)
- Outil PARCEL : mesure les impacts du passage au bio et du changement de régimes alimentaires sur l’occupation des terres agricoles
- Inventaire des plateformes de mise en relation entre producteurs et consommateurs
- Guide sur les labels alimentaires réalisé par Greenpeace, WWF et BASIC
5. Conclusion
- Des présentations, ateliers et échanges inspirants
- Les Projets Alimentaires Territoriaux doivent être des démarches multi-acteurs, ambitieuses et systémiques (au-delà de la seule restauration collective)
- Attention, le territoire ne fait pas tout : certains enjeux dépassent les PAT (rémunération des agriculteurs, prix agricoles, politiques foncières et monétaires…), “local” ne signifie pas forcément “durable”, les initiatives locales individuelles ne suffisent pas à opérer une transformation globale du système alimentaire